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CHANT XXIII

RECONNAISSANCE D’ULYSSE PAR PÉNÉLOPE

Euryclée, exultant, remonte vers la reine,
Pour lui dire qu’enfin son cher époux est là ;
Ses genoux sont moins lourds, un pied plus vif l’entraîne.
Penchée à son chevet, la vieille ainsi parla :
« Lève-toi, Pénélope ! ô mon enfant, sur l’heure
De tes yeux tu verras tes désirs assouvis.
Le trop errant Ulysse a rejoint sa demeure ;
Il a tué ces fats qui souillaient ses parvis,
Dévoraient sa fortune et vexaient Télémaque. »

La prudente Icaride immédiatement :
« Bonne mère, le ciel à coup sûr te détraque,
Lui qui peut transformer le sage en un dément
Et convertir aussi la démence en sagesse.
Il égare tes sens, toi qu’on ne vit broncher.
Pourquoi te divertir à doubler ma tristesse
Par des récits menteurs ? pourquoi donc m’arracher
Au sommeil qui berçait ma paupière et mes membres ?
Je n’avais mieux dormi depuis que mon époux
Partit pour cette Troie, objet de mes dégoûts.