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Ensuite, avec l’eau pure et l’éponge élastique,
L’essaim nettoie à fond beaux sièges et tréteaux.
De leur côté, le prince et ses aides propices
Raclent le sol fangeux, munis de fins râteaux ;
Et les femmes dehors portent les immondices.
Lorsque tout est en ordre au milieu du salon,
Loin des riches lambris ils les mènent de suite,
Entre le mur de l’aule et ledit pavillon,
Les parquant à l’étroit pour empêcher leur fuite.

Sur leur sort Télémaque aussitôt statuant :
« Je n’accorderai point une fin honorable
À celles qui sur moi, sur ma mère admirable,
Ont déversé l’outrage en se prostituant. »

Il dit, et déroulant un câble de navire,
Le tend du pavillon au sommet d’un pilier,
Afin que jusqu’au sol aucun pied ne s’étire.
Comme dans le panneau raidi près d’un hallier
Donnent la grive lourde et la colombe agile ;
Leur aile, au lieu du nid, trouve un piège impiteux :
Ces folles mêmement pendillent à la file
Et râlent, le cou pris dans des lacets honteux.
Leurs pieds dansent un brin, puis adieu concubines !

Mélanthe est dévalé dans la cour du ménil :
L’airain cruel lui tranche oreilles et narines ;
On coupe, on jette aux chiens son organe viril.
Perte des mains, des pieds, complète son supplice.

Le groupe exécuteur, s’étant vite lavé,
Rejoint le souverain : l’ouvrage est achevé.