Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/453

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Et, secouant sa porte, à la nourrice il dit :
« Viens, Euryclée, ô toi qu’un long âge décore,
De qui le gynécée en tout temps dépendit.
Mon père te demande, accours, c’est nécessaire. »

Il dit ; Eurycléa, docile à son appel,
Ouvre les deux battants de l’étage ancillaire,
Et court sur les talons du bouillant jouvencel.
Elle trouve le roi dans le sang et l’ordure,
Parmi les corps gisants, comme un lion repu
Près des restes du bœuf, sa récente pâture.
La gueule et le poitrail de l’animal trapu
Sont tout ensanglantés, sa vue est effrayante :
Tel Ulysse a les mains, les pieds couverts de sang.
Dès qu’elle voit les morts, l’arène rougeoyante,
La vieille ulule, admire un œuvre si puissant.

Mais Ulysse contient ses élans d’allégresse,
En lui jetant ces mots dûment accentués :
« Mère, réjouis-toi, mais cache ton ivresse ;
L’orgueil est une insulte aux ennemis tués.
Ceux-ci tombent vaincus par le ciel et leurs fautes ;
Ils n’honoraient aucun des vivants d’ici-bas,
Ni les fiers, ni les doux, méprisant tous les hôtes.
Aussi leur récompense est un sombre trépas.
Mais fais-moi sur-le-champ connaître les servantes
Qui trahirent leur maître, ou l’ont bien respecté. »

L’alme vieille répond les paroles suivantes :
« Mon fils, je te dirai l’exacte vérité.
Le groupe féminin compte cinquante esclaves
Instruites lentement à différents emplois,