Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/452

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« Mon prince, me voici ; grâce ! dis à ton père
De ne pas m’accabler de son fer valeureux,
Par haine des pervers ligués dans leur délire
Pour dévorer ses biens, t’outrager constamment. »

L’industrieux Ulysse, après un doux sourire :
« Rassure-toi ! mon fils te sauve entièrement.
Par ceci reconnais, aux autres sache apprendre
Combien l’honneur sert mieux que la déloyauté.
Mais quitte le salon, dans l’aule va t’étendre,
Loin du carnage, avec l’aède si vanté.
Moi, je vais achever ce qu’il me reste à faire. »

Dehors incontinent marche le couple absous ;
Il s’assied à l’autel du grand Zeus tutélaire,
Mais les yeux effarés, craignant toujours des coups.

Le roi scrute partout, d’une intense prunelle,
Si quelque chef survit à l’atroce moisson.
Il les aperçoit tous étendus pêle-mêle
Dans la poudre et le sang, à l’instar du poisson
Tiré par le pêcheur de l’abîme à la côte,
Aux mailles d’un filet ; en regrettant le flot,
L’écailleuse tribu sur le sable tressaute,
Mais le soleil brûlant la suffoque bientôt :
Ainsi des Poursuiveurs gît la horde criblée.

À son fils tout à coup le sublime vainqueur :
« Télémaque, avertis ma nourrice Euryclée
D’accourir pour savoir ce que j’ai dans le cœur. »

Télémaque obéit au père qu’il adore,