Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/406

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Mangeait mes fiers compains ; calme, tu t’assoupis
Jusqu’à ce que ma ruse ouvrît l’antre implacable. »

Il refrène son cœur en ces termes puissants,
Et son cœur reste coi, comme la nef qu’un câble
Force au repos ; mais lui, se retourne en tous sens.
Tel que, de maints côtés, au foyer qui pétille
Un cuisinier présente un ventre de chevreau,
Plein de graisse et de sang, pour que plus vite il grille ;
Tel s’agite le preux, cherchant dans son cerveau
Comment il pourra seul détruire l’amalgame
Des Poursuivants. D’en haut descend alors Pallas,
Qui s’approche de lui sous les traits d’une femme ;
Se penchant sur son front, elle lui dit tout bas :
« Pourquoi veiller encore, inconsolable hère ?
Te voici dans tes murs, auprès de ta moitié
Et d’un fils qui ferait l’orgueil de plus d’un père. »

L’ingénieux Ulysse, à ce mot de pitié :
« Oui, oui, tu parles d’or, véridique déesse ;
Mais dans ma tête en feu je rumine comment
Je pourrai des intrus dompter l’acharnement,
Moi seul, quand au palais formidable est leur presse.
Du reste, bien plus loin vont mes regards experts :
Si, grâce à Zeus, à toi, mon bras les extermine,
Où me réfugier ? Que ton art l’examine. »

Incontinent Pallas, l’immortelle aux yeux pers :
« Insensé, l’on se fie à plus d’un acolyte
Moindre que soi, mortel, de pauvre entendement ;
Et moi je suis déesse, et partout je milite
En ta faveur. Aussi, sache-le pleinement :