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CHANT XX

ÉVÉNEMENTS QUI PRÉCÈDENT LA MORT
DES PRÉTENDANTS

Le héros cependant va coucher au portique.
Sur la dalle il étend le cuir vert d’un taureau,
Et, dessus, des toisons du bercail domestique ;
Après, Eurynomé lui jette un grand manteau.
Ulysse là repense à sa lutte prochaine,
Sans fermer l’œil. Soudain s’échappent du palais
Ces tendrons qu’aux Galants lie une impure chaîne.
Leur gaîté se traduit par des rires follets.
Le cœur du roi s’émeut dans sa chère poitrine ;
De suite il délibère en ses esprits ardents
S’il va trancher les jours de chaque concubine,
Ou s’il les laissera s’unir aux Prétendants
Pour la dernière fois. Toute son âme gronde.
Comme une lice, autour de ses frêles petits,
Jappe contre un passant, le menace iraconde :
Ainsi rugit son être à ces honteux délits.
Mais se frappant le sein, se gourmandant lui-même :
« Patience, ô mon cœur ! tu supportas bien pis,
Dans ce terrible jour où l’affreux Polyphème