Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/395

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Il en aura sa part et rentrera joyeux. »

Ulysse alla plus tard quérir ces dons aimables.
Alors Autolycus, ses fils à l’avenant
Lui pressèrent les mains, se montrèrent affables.
Sa grand’mère Amphitée, en ses bras le tenant,
Baisait ses deux beaux yeux, sa tête juvénile.
Mais Autolyque ordonne à ses fils généreux
D’apprêter un festin, ceux-ci, d’un pas docile,
Amènent au logis un taureau vigoureux,
L’égorgent proprement, tout entier le dépècent,
Enfilent les morceaux à la pointe des dards,
Et, les grillant très bien, font ensuite les parts.
Jusqu’au soleil couchant tous dès lors s’en repaissent ;
Rien ne manque aux souhaits des convives dispos.
L’astre du jour éteint, la nuit tout à fait close,
Chacun gagne sa coite et goûte un doux repos.

Sitôt qu’a rayonné l’Aurore aux doigts de rose,
Les enfants d’Autolyque à la chasse s’en vont
Avec leurs chiens ; près d’eux court Ulysse à son aise.
Ils atteignent bientôt les bois du haut Parnése
Et les sombres ravins que bat l’air furibond.
Sorti des profondeurs de l’Océan tranquille,
Hélios sur les champs jetait ses premiers feux.
En un val nos chasseurs pénètrent… devant eux
Quêtent leurs fins limiers ; puis viennent, troupe agile,
Les gars d’Autolycus, parmi lesquels, non loin
Des chiens, Ulysse branle une orgueilleuse lance.
Certain vieux sanglier baugeait là dans un coin,
Dans un fort, qui des vents narguait la violence
Et pouvait défier les plus grosses chaleurs,