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Il reviendrait : eh bien, aujourd’hui tout doit être. »

L’héritier de Polybe, Eurymaque, aussitôt :
« Vieillard, va-t’en prédire, au fond de ta cassine,
L’avenir à tes fils, de peur d’un mauvais lot.
Sur ce point mieux que toi, bien mieux, je vaticine.
Une foule d’oiseaux vole aux rais du soleil,
Sans rien nous présager ; au loin, d’ailleurs, Ulysse
Trépassa : plût aux dieux que ton sort fût pareil !
Tu ne déploierais pas cette morgue d’auspice,
Et n’exciterais point Télémaque irrité,
Dans l’espoir qu’il fera quelque don à ta race
Mais je te le prédis, en toute sûreté,
Si par ton vieux savoir, ta parole fallace,
Tu pousses ce jeune homme à d’outrageux débats,
Sa chance n’en sera d’abord que plus vilaine,
Puis de ta prophétie il ne jouira pas.
Toi, l’ancien, nous saurons t’infliger une peine
Amère à recevoir, terrible à supporter.
Voici comment il faut que Télémaque opère :
Qu’il expédie enfin Pénélope à son père.
Il trouvera l’époux, et saura présenter
La belle dot qu’exige une fille qu’on prône.
Car les galants, je pense, à leur rude pourchas
Ne vont pas renoncer : nous ne craignons personne,
Pas même Télémaque, avec son beau fracas.
Peu nous importe aussi ton prophétique esclandre,
Barbon : il te vaudra d’être plus abhorré.
Méchamment nous prendrons tous leurs biens sans les rendre,
Tant que la reine aura son hymen différé.
À nous contraindre, nous, qui vivons dans l’attente,
Sa vertu nous oblige, et l’on s’est interdit