Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/389

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Un chien qui, piétinant un faon au poil tigré,
Le regardait souffrir. Tous admiraient ce groupe,
Ces animaux en or, l’un serrant le faon pris,
L’autre cherchant à fuir, en vain tordant sa croupe.
Ulysse avait encore une robe de prix ;
Elle était souple et fine autant qu’une pelure
D’ognon, et reluisait à l’instar d’Hélios.
Les femmes l’appelaient une merveille pure.
Mais écoute autre chose, et retiens le propos.
J’ignore si c’était son costume ordinaire,
Ou bien s’il le reçut, en montant sur sa nef,
D’un ami, de quelque hôte ; Ulysse savait plaire
À beaucoup : peu de Grecs égalaient un tel chef.
Je lui donnai moi-même une épée ahénide,
Un beau manteau de pourpre, un podère chiton,
Puis l’escortai dûment jusqu’à son bord solide.
Un fidèle héraut, d’un moins jeune menton,
Le suivait ; sous les yeux je vais te le remettre.
Il était brun, crépu, marchait le dos voûté,
Et répondait au nom d’Eurybate ; son maître
L’honorait entre tous pour sa moralité. »

Il dit ; et son discours croît l’ennui de la reine,
Car elle a reconnu les signes qu’il produit.
Lorsque de nouveaux pleurs ont soulagé sa peine,
En ces termes touchants Pénélope poursuit :
« Hôte, jà de pitié tes maux me semblaient dignes ;
À présent tu m’es cher, tu vivras largement.
C’est moi qui lui donnai l’habit que tu désignes ;
De ma chambre il venait ; j’y mis comme ornement
Ce fermail luxueux. Lui, je n’aurai la joie
De le voir émerger de son exil lointain ;