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Bien mieux, je le comprends, car je sais toutes choses,
Le bien comme le mal ; plus ne suis un enfant.
Néanmoins ma science est loin d’être absolue.
En me cernant toujours, cette gent dissolue
Égare mes esprits, et nul ne me défend.
Les intrus toutefois n’ont pas créé la lutte
D’Irus et du forain ; d’ailleurs l’hôte est vainqueur.
Ah père Zeus ! Minerve ! Apollon belliqueur !
Si seulement ces chefs faisaient la culebute,
Entièrement domptés, les uns sous nos lambris,
Les autres dans la cour ! si s’affaissaient leurs membres,
Comme ceux de l’Irus, qui hors des antichambres
Gît, et, branlant la tête ainsi qu’un homme gris,
Ne peut se tenir droit sur ses pieds, ni reprendre
Le chemin de son trou, tant son corps est pâmé ! »

En ces termes émus mère et fils de s’étendre,
Lorsque à la souveraine Eurymaque enflammé :
« Prudente Pénélope, ô fille d’Icarie,
Si te voyaient les Grecs de l’Argos de Jason,
Un surcroît de galants viendrait à la frairie,
Dès l’aube, en ce castel, car en ferme raison,
En stature, en éclat, tu primes toute femme. »

L’excellente Icaride, à de tels compliments :
« Eurymaque, les dieux m’ont pris mes agréments,
Tournure et vénusté, depuis que vers Pergame
Marchèrent les Grégeois, mon Ulysse avec eux.
S’il était revenu pour protéger ma vie,
Ma gloire et mes appas s’en porteraient bien mieux.
Mais je souffre : un démon m’a par trop desservie.
Mon époux, au sortir de ses remparts sacrés,