Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/370

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Les serves aux bras ronds vinrent, pleines d’entrain,
Du palais ; l’heureux somme abandonna la reine,
Qui dit, en s’essuyant la joue avec la main :
« Hélas ! de quel repos ai-je goûté les leurres ?
Si la chaste Artémis m’envoyait à l’instant
Une aussi douce mort ! Je n’userais mes heures
À gémir en mon sein, sans cesse regrettant
Un mari cher, sublime, et des Grecs le modèle. »

De suite elle quitta ses beaux appartements,
Non seule, mais son couple arrivant derrière elle.
Lorsque la noble femme approcha des Amants,
Elle resta debout au seuil de la grand’salle,
Le visage entouré de son voile soyeux.
À ses côtés veillait chaque ancelle féale.
Eux, les genoux tremblants, l’amour au fond des yeux,
Brûlaient tous d’occuper sa couche ambroisienne.
La reine, tout à coup, à son enfant chéri :
« Télémaque, tu perds ton énergie ancienne ;
Même bambin, ton cœur était plus aguerri.
Ores que, grandelet, commence ta jeunesse,
Que chacun, en voyant ton port et ta beauté,
Te prendrait pour le fils d’un héros respecté,
Tu ne démontres plus ni force ni sagesse.
Comment as-tu permis ce trouble en ton palais,
Cet outrage tombant sur un hôte timide ?
Si l’étranger, qui passe en quête d’un subside,
Doit recevoir chez nous de pareils camouflets,
À quel opprobre immense à jamais tu t’exposes ! »

Le prudent Télémaque adonc de répliquer :
« Mère, de ton discours je ne puis me choquer ;