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CHANT XVIII

COMBAT D’ULYSSE ET D’IRUS

En ce moment survint un gueusard indigène
Dans Ithaque implanté, par son ventre fameux,
Et du matin au soir mangeant, buvant sans gêne.
Quoique grand, il n’était ni fort ni valeureux.
Il reçut, en naissant, de sa tendre nourrice
Le nom d’Arnée : or tous le surnommaient Irus,
Parce qu’en bon courrier il servait les intrus.
Voulant de son palais soudain chasser Ulysse,
Il lui chercha querelle et dit ces mots vibrants :
« Vieillard, sors du portique, ou dehors je te traîne.
Ne vois-tu que les chefs, de côtés différents,
M’en donnent le signal ? J’en aurais de la peine.
Allons, file, sinon nous en viendrons aux mains. »

Le héros, lui lançant une œillade aguerrie :
« Fou ! je ne te nuis pas, et je ne t’injurie ;
Des dons qui te sont faits non plus je ne me plains.
Ce seuil suffit pour deux ; mauvaise est ta rancune
Pour la chance d’autrui, car tu sembles quêter,