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S’amusaient à lancer le disque et les épieux
Sur le brillant pavé, leur insolent théâtre.
À l’heure du dîner, lorsque tous les troupeaux
Arrivèrent des champs, chacun avec son pâtre,
Médon vint dire aux chefs, car c’était des hérauts
Le plus apprécié, l’ordonnateur des tables :
« Seigneurs, vous avez pris suffisamment d’ébats ;
Rentrez dans le palais, que l’on songe au repas.
Les dîners faits à temps sont les plus profitables. »

Il dit ; tous d’obéir à ces mots convaincants.
Une fois parvenus aux salles magnifiques,
Déposant leurs manteaux sur des sièges vacants,
Ils tuèrent de grands moutons, de grosses biques,
Une génisse énorme et des porcs monstrueux,
Menu de leur festin. Mais du clos pour la ville
Allaient partir Ulysse et le pasteur docile.
Ce dernier tout à coup d’un ton affectueux :
« Forain, puisque tu veux courir aux murs d’Ithaque,
Suivant l’ordre du prince (il m’eût été plus doux
De te loger ici pour soigner la baraque ;
Mais j’honore mon maître et je crains son courroux,
Car toute réprimande aux serviteurs est dure),
Eh bien ! Partons ; déjà décline le Soleil.
Le soir t’amènerait bientôt de la froidure. »

À l’invitation, le subtil nonpareil :
« J’entends et je comprends ; ta pensée est la mienne.
En route donc, et sois mon pilote incessant.
S’il te reste un rameau, donne, qu’il me soutienne ;
D’après toi, le terrain est pénible et glissant. »
Ayant dit, sur son dos il jeta sa besace