Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/340

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Qu’aux champs ; me donnera qui voudra me donner.
Vieilli, je ne pourrais, en un rustique asile,
D’un maître exécuter les ordres rigoureux.
Va donc ; cet homme sûr me servira de guide,
Quand l’âtre et le soleil m’auront fait moins frileux.
Mauvais sont mes habits ; je crains le souffle humide
Du matin, et d’ailleurs la ville est loin, dit-on. »

Il se tut ; Télémaque abandonna l’étable,
Et, rêvant guerre et mort, courut, leste piéton.
Sitôt qu’il eut rejoint son palais confortable,
Il appuya sa pique en un coin des arceaux,
Puis, d’un agile bond, franchit le seuil de pierre.

Sa bonne Eurycléa, qui recouvrait de peaux
Des sièges fastueux, l’aperçut la première.
Elle vint tout émue, et du royal manoir
Vers lui vinrent aussi les autres amphipoles.
Toutes de l’embrasser sur la tête, aux épaules.
Pénélope à son tour sortit de son boudoir,
Belle comme Diane ou la blonde Cyprine.
Elle jeta ses bras au cou du cher enfant,
Baisa ses deux beaux yeux, sa figure pourprine,
Et lui darda ces mots, de bonheur étouffant :
« Te voilà, Télémaque, ô ma douce lumière !
Je te croyais perdu dès ta fugue à Pylos
Pour chercher, malgré moi, la trace de ton père.
Mais allons, du trajet déroule les tableaux. »

Télémaque aussitôt, de sa voix claire et franche :
« Ma mère, quand j’évite un horrible trépas,