Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/334

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Espère, et rends le calme à ton cœur en sursaut.
Il n’est pas, il ne fut, il ne sera point d’homme
Qui sur ton Télémaque ose porter la main,
Moi vif et de mes yeux voyant l’astre ignivome.
J’en atteste le ciel, ce serment n’est pas vain,
Son sang coulerait vite à l’entour de ma lance.
Car Ulysse souvent, le fameux belliqueur,
Me tint sur ses genoux, m’offrit en abondance
Et la viande rôtie et la rouge liqueur.
Aussi j’aime ton fils par-dessus toute chose.
Qu’il ne craigne donc pas la mort, du moins par nous,
Car on ne saurait fuir celle que Zeus impose. »

Il la rassure ainsi, mais complote en dessous.
Pénélope remonte à son splendide étage ;
Longuement elle y pleure un époux adoré,
Jusqu’à ce que Pallas l’endorme et la soulage.

À la nuit reparaît le pasteur vénéré,
Comme Ulysse et son fils cuisent la chair sapide
D’un porc de douze mois. La dive au clair regard
Se rapproche avant lui d’Ulysse Laërtide,
De sa verge l’effleure, en refait un vieillard,
Et lui rend ses haillons, de peur que le rustique,
Reconnaissant son roi, n’évente le secret,
N’avise Pénélope en un zèle indiscret.
Télémaque d’abord au divin domestique :
« Hé ! bonsoir, cher Eumée. En ville que dit-on ?
Les fiers galants ont-ils rallié nos arcades,
Ou suis-je encor le but des mêmes embuscades ? »

Pasteur Eumée, alors tu repars de ce ton :