Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/329

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Lorsque les prétendants te le réclameront,
Tu leur diras, feignant une aisance parfaite :
« De l’âtre j’éloignai ces armes, qui ne sont
Ce que les fit Ulysse en partant pour Pergame.
À la vapeur du feu leurs tas s’étaient rouillés.
Kronide a mis en outre une idée en mon âme :
J’ai peur qu’ayant trop bu vous ne vous querelliez,
Et que dans ce conflit ne se souillent vos tables,
Votre pourchas ; le fer attire les humains. »
Mais garde seulement deux glaives redoutables,
Deux dards, deux boucliers, pour les saisir des mains
Quand sur eux nous fondrons ; après, Pallas-Minerve
Et le soigneux Jupin les prendront tous en flanc.
Encore un autre avis, que ton cœur le conserve.
Es-tu vraiment mon fils ? Proviens-tu de mon sang ?
À nul ne dis comment ici je m’enveloppe ;
Que Laërte l’ignore, ainsi que le gardien,
Ainsi que les valets et même Pénélope.
Des femmes scrutons seuls l’esprit quotidien ;
Ensuite recherchons qui de la valetaille
Sait nous glorifier, nous craindre intimement,
Et qui te méconnaît, puis sans pudeur te raille. »

À ces instructions, le jeune homme charmant :
« Va, tu m’apprécieras à la longue, ô mon père.
Mon cœur n’est disposé nullement à gauchir.
Mais ce dernier parti, je ne le considère
Avantageux pour nous : veuille y bien réfléchir.
Tu marcheras longtemps pour voir toute culture,
Sonder tout serviteur, et toujours les pervers
Mangeront notre avoir ; ils le font sans mesure.
Sur les femmes pourtant tenant les yeux ouverts,