Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/328

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Qui vienne nous prêter un appui véhément. »

À son fils aussitôt le guerrier calme et juste :
« Eh bien ! écoute-moi religieusement.
Est-ce assez de Pallas, de Zeus, le père auguste,
Ou dois-je recourir à quelque autre soutien ? »

L’adolescent frappé de ces paroles claires :
« Tu viens de nommer là deux grands auxiliaires.
Quoiqu’ils siègent bien haut, leur sceptre aérien
Régit la tourbe humaine et la cour éternelle. »

L’imperturbable Ulysse ajoute gravement :
« Ceux-ci ne faudront pas à l’heure solennelle
Du sanglant cliquetis, lorsque, au palais fumant,
D’Arès entre eux et nous décidera la force.
Dès l’aurore, au logis, toi, rentre pour ta part,
Et te mêle à ces gueux tout fiers de leur écorce.
En ville le porcher me conduira plus tard,
Sous les traits d’un drilleux à caduque dégaine.
S’ils m’outragent chez moi, que ton cœur résigné
Assiste au traitement sans paraître indigné.
Que même par les pieds au dehors l’on me traîne,
Qu’on m’accable de coups, regarde et contiens-toi.
Essaie uniquement d’arrêter l’infamie
Par des mots de pitié ; mais ils n’entendront mie,
Car pour eux vient le jour du complet désarroi.
Ouvre à présent l’oreille, et retiens la consigne.
Quand la sage Athéné m’inspirera dûment,
J’inclinerai la tête : en hâte sur ce signe,
Ramasse du palais le total armement
Et cours le remiser dans la chambre du faîte.