Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/310

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Doivent voir leur maîtresse, apprendre maints détails,
Manger, boire à sa table, et rapporter au chaume
Quelqu’un de ces présents, couronne du travail. »

En retour le guerrier dont la ruse ne chôme :
« Bons dieux ! pasteur Eumée, ainsi donc, tout bambin,
Tu quittas tes parents et ta terre natale !
Mais allons, réponds-moi d’une façon loyale.
Aurait-on saccagé le large centre urbain
Qu’habitaient ton auteur et ta pieuse mère ?
Ou, lorque tu gardais les bœufs et les moutons,
Des forbans t’auraient-ils jeté sur leur galère
Et vendu chèrement au roi de ces cantons ? »

Aussitôt le porcher, gouverneur de retable :
« Vieillard, puisque tu veux savoir mes maux passés,
Écoute, et bois tranquille, assis à cette table.
longues sont les nuits, on peut dormir assez,
Tout en causant beaucoup ; il ne faut avant l’heure
Se retirer : nuisible est le trop de sommeil.
Quant à ceux de mes gens qu’une veillée écœure,
Qu’ils aillent se coucher ; mais qu’on mène, au réveil,
Sitôt le repas fait, chaque herde aux pacages.
Nous deux, continuant à boire, à festiner,
Berçons-nous au récit de nos anciens orages ;
Car l’homme qui longtemps dut errer et peiner
À d’amers souvenirs trouve encore du charme.
Je vais donc sur mon compte éclairer tes esprits. »

« L’île de Syria, tu l’as sans doute appris,
Trône au delà d’Ortyge, où le soleil désarme.
Peu spacieuse, elle est néanmoins de rapport,