Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/300

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Si tu veux parcourir l’Hellade, et même Argos,
Heureux de t’escorter, j’apprête un char rapide
Et te mène à travers les murs de nos voisins.
Nul ne nous renverra sans un cadeau splendide,
Soit un trépied de bronze, ou de larges bassins,
Soit deux mulets fringants, ou quelque orin ciboire. »

Le prudent Télémaque en ces termes repart :
« Jovien Ménélas, ô chef couvert de gloire,
J’aspire à m’éloigner tantôt ; à mon départ,
Je n’ai commis personne au soin de ma chevance,
Et je crains, en cherchant mon père égal aux dieux,
De mourir ou de perdre un joyau d’importance. »

À ces mots, Ménélas, l’homme au cri belliqueux,
Aux serves du logis, comme à la reine, ordonne
De former un repas des vivres toujours prêts.
Soudain on voit surgir Boéthide Étéone
Qui s’est levé bien vite, étant logé tout près.
Son maître lui prescrit d’avoir fournaise ardente
Et de rôtir la viande ; Étéone obéit.
Ensuite, s’adjoignant Hélène et Mégapenthe,
Le roi gagne un caveau qu’un doux baume envahit.
Quand ils sont à l’endroit des richesses du sire,
Atride se saisit d’un vase auriculé
Et fait prendre à son fils un cratère d’argyre.
Hélène ouvre le coffre où dort immaculé
L’amas des fins péplums qu’elle brode elle-même.
Cette femme divine en retire un tissu,
Le plus grand, le plus beau par l’aiguille conçu :
Il brillait comme un astre et se trouvait l’ultième.
Tous les trois, cela pris, marchent incontinent