Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/298

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Tu sais ce qu’une femme excogite en son sein :
Elle veut agrandir le toit du nouveau maître,
Et de ses premiers fils, de l’ancien tendre époux
N’a qu’un froid souvenir qui tend à disparaître.
Rentre, et confie alors chacun de tes bijoux
À celle que tu crois ta plus soigneuse esclave,
Jusqu’à ce que le ciel t’indique un noble hymen.
Encore un autre avis ; qu’en ton cœur il se grave.
Les principaux Galants menacent ton chemin
Dans le détroit d’Ithaque et de l’aride Same ;
Ils brûlent de t’occire avant la mise au port.
Mais non ! maint de ces fous, par qui ton bien s’entame,
Sous l’herbe du tombeau s’allongera d’abord.
Loin des îles tiens donc ta véloce carène,
Et navigue de nuit ; le dieu te protégeant
Soufflera sur ta poupe un zéphyr diligent.
Dès que tu toucheras la rive ithacéenne,
Fais cingler vers la ville équipage et bateau,
Et toi-même rends-toi chez le pasteur modèle
Qui, gardien de tes porcs, t’aime d’un cœur fidèle.
Dors en ce lieu ; pour lui, qu’il s’en aille au château
Prévenir lestement la très sage Icaride,
Que, rentré sain et sauf, de Pylos tu reviens. »

Sur ce, Pallas remonte aux pics Olympiens.
Télémaque au doux somme arrache Nestoride,
En le poussant du pied, et lui darde ces mots :
« Pisistrate, debout ! Fils de Nestor, attelle,
Afin de repartir, le couple à durs sabots. »

De suite Pisistrate entendant qui l’appelle :
« Ami, quoique pressés, par les champs ténébreux