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De purpurins tissus, ouvrage merveilleux.
L’eau vive y coule en plein. Deux portes ferment l’antre ;
L’une, mirant Borée, accueille tout humain ;
L’autre, sise au Notus, est plus divine : il n’entre
Aucun mortel par là ; des dieux c’est le chemin.

Dans ce port connu d’eux les nautonniers s’engagent.
La galère à moitié sur le sable atterrit,
Telle est l’impulsion des bras qui l’encouragent.
L’équipe, descendant du bateau bien construit,
Premièrement enlève Ulysse de sa place,
Avec le souple lin et le tapis brillant,
Et le dépose à terre encore sommeillant,
Puis débarque les dons que le noblois Phéace,
Mû par l’alme Athéné, lui fit à son départ.
On range ces trésors en dehors de la route,
Au pied de l’olivier, pour que ne les filoute
Un passant, si le preux se réveille trop tard.
Après quoi les marins de partir.

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxOr Neptune,
Qui n’a point oublié la haine qu’il nourrit
Contre le grand héros, de Zeus sonde l’esprit :
« Dieu père, désormais je n’aurai gloire aucune
Parmi les Éternels, car les Phéaciens
Cessent de m’honorer, quoique étant de ma race.
Je savais bien qu’Ulysse irait revoir les siens,
Au bout de mille maux ; je n’avais pas l’audace
D’interdire un retour par toi promis, juré.
Mais voilà que ces gens, sur un navire agile
L’entraînant endormi, l’ont laissé dans son île
Nanti de plus d’effets, d’airain, d’or préparé,