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Buvant, riant chez nous, à son débarquement
D’Éphyre, où l’accueillit Ilus le Merméride
(Ulysse était allé, sur un prompt bâtiment,
Quérir là des venins, bons pour ses javelines
À la pointe de bronze ; il ne put en avoir
D’Ilus, qui redoutait les colères divines ;
Mais mon père, ami tendre, eut soin de l’en pourvoir) :
Si, tel qu’il m’apparut, sur eux fondait Ulysse,
Leur destin serait court et leur hymen piteux.
Mais c’est aux Immortels à voir en leur justice
S’il doit, dans son palais, de ces galants honteux
Tirer vengeance ou non. Quant à toi, je t’engage
À chercher le moyen de les chasser d’ici.
Écoute maintenant, et retiens-moi ceci.
Demain des héros grecs convoque l’assemblage ;
Harangue-les, prenant tous les dieux à témoin.
Somme chaque amoureux de gagner son repaire,
Et si de convoler Pénélope a besoin,
Qu’elle rentre au pourpris de son notable père.
Il trouvera l’époux et saura présenter
La belle dot qu’exige une fille chérie.
Encore un sain conseil, si tu veux m’écouter :
Sur une bonne nef, par vingt rames servie,
Cours rechercher ton père, indécouvrable absent.
Vois si quelqu’un t’en parle, ou si tu peux entendre
Cette voix de Jupin qui fait l’homme puissant.
À Pylos, chez Nestor, commence par te rendre ;
Puis, dans Sparte, enquiers-toi près du blond Ménélas,
Car des Grecs cuirassés il retourna l’ultime.
Ton père est-il debout, cinglant vers ses États,
Tu dois attendre un an, malgré ton deuil intime.
Mais s’il est reconnu qu’enfin il a péri,