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Arrivent les reflets d’Achille Péléide,
De Patrocle suivi d’Antiloque le preux
Et d’Ajax, le premier, par les traits et la taille,
Du peuple grec, après le céleste Phtien.
L’Éacide aux pieds vifs en me voyant tressaille,
Et, geignant, avec moi commence un entretien :
« Noble Laërtiade, ingénieux Ulysse,
Quel œuvre encor plus grand as-tu donc médité ?
Pourquoi braver l’enfer qu’habite la milice
Veuve de sentiment, spectrale humanité ? »

Il dit, et je riposte à sa demande vive :
« Pélide Achille, ô toi qui nous extasias,
J’étais venu savoir du vieux Tirésias
Comment de l’âpre Ithaque enfin toucher la rive.
Car je ne suis jamais en Grèce retourné
Ni sur mon sol, mais j’erre encore ; pour Achille
Nul ne fut, ne sera plus que lui fortuné.
En haut, ainsi qu’un dieu, l’honore chaque ville ;
À cette heure, il commande aux peuplades d’en bas.
Ne t’afflige donc point d’être mort, Péliade. »

À ces mots, le vaillant : « Ne me console pas
Du néant de la mort, noble Laërtiade.
J’aimerais mieux servir, en simple laboureur,
Un rural qui n’aurait qu’une maigre chevance,
Que de régner sur tous dans ces lieux de terreur.
Mais allons ! de mon fils retrace la jouvence.
En guerre, au premier rang, vous suivit-il ou non ?
As-tu quelques détails sur l’auguste Pélée ?
Garde-t-il sa couronne au pays Myrmidon,
Ou dans Phtie et l’Hellas lui fut-elle raflée,