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Eût ombragé leur tempe et leur menton nerveux.

Voici Phèdre, Procris, la charmante Ariane,
Fille du noir Minos, que Thésée autrefois
De Crète conduisit dans Athène aux saints bois ;
Mais il la perdit vierge, atteinte par Diane
En l’île de Naxos, au gré de Dionys.

Passent Mœra, Clymène, et l’atroce Ériphyle
Qui trahit son époux pour des colliers honnis.
Mais quoi ! faut-il citer, vous décrire à la file
Tant d’épouses de chefs, de filles de héros ?
La nuit n’y suffirait ; puis de dormir c’est l’heure,
Soit que j’aille à ma nef, soit qu’ici je demeure.
Aux dieux, à vous, le soin de me rouvrir les flots. »

Ulysse s’interrompt, tous gardent le silence ;
Le charme les clouait dans l’édifice ombreux.
Or, la blanche Arété, pleine de bienveillance :
« Phéaces, que penser de cet aventureux
Pour la beauté, le port, et la grandeur intime ?
C’est mon hôte, et chacun en partage l’honneur ;
Aussi ne hâtons pas son renvoi : trop minime
Serait ce que vos mains doivent à son malheur,
Et, grâce aux dieux, l’argent roule sous vos solives. »

Le vieux héros Échène, appuyant ce discours
De son autorité de doyen des convives :
« Amis, avec sagesse et non point à rebours
Notre reine a parlé ; donc que l’on obéisse.
Mais l’ordre doit venir d’Alcine ici présent. »