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Et par ces mots ailés sereine ses esprits :
« Salut, père étranger ; si d’une phrase acerbe
Je t’offensai, qu’au loin l’emportent les autans.
Que l’Olympe te rende à ton sol, à ta femme,
Car loin de tes amis tu cours depuis longtemps. »

L’ingénieux héros incontinent s’exclame :
« Salut, ami ; les dieux aillent te protégeant !
Puisses-tu ne jamais regretter cette épée
Que m’offre gentiment ta bouche disculpée! »

Il dit ; et ceint le glaive orné de clous d’argent.
Le soleil se couchait ; vinrent les dons splendides ;
Tout céryce au palais transporta son fardeau.
Là du couple royal les trois fils intrépides
Aux doux pieds maternels mirent l’épais monceau.
Alcinoüs rentra, flanqué de son escorte
Qui s’assit aux fauteuils bordant l’intérieur.
De suite il entretint Arété de la sorte :
« Çà, femme, apporte-moi ton coffre le meilleur ;
Places-y manteau propre et moelleuse tunique.
Puis fais tiédir de l’eau dans un vase d’airain,
Afin que l’étranger, voyant après son bain
Des présents qu’on lui sert l’attirail magnifique,
Goûte mieux le festin, les chants mélodieux.
Moi, je l’enrichirai d’un précieux calice
D’or pur, pour que chez lui toujours il me bénisse,
En buvant à Kronide ainsi qu’aux autres dieux. »

Il a dit ; Arété commande à ses servantes
D’avancer au foyer un immense bassin.
Et le vase empli d’eau sur les braises ardentes