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Démodocus au centre alors de se placer,
Entouré de garçons habiles à danser.
Leurs pieds frappent le sol, et l’attentif Ulysse
Contemple leur souplesse, y trouve un large attrait.

L’aède cependant, sur sa lyre modèle,
Dit les amours de Mars et de Vénus la belle.
Ils s’étaient chez Vulcain vus d’abord en secret.
Mars fit d’amples cadeaux et pollua la couche
Du céleste ouvrier ; mais bientôt le Soleil
Surprit les deux amants, prévint l’époux farouche.
Vulcain, à l’exposé du crime nonpareil,
Courut vers ses fourneaux, ruminant sa vengeance.
Sur une enclume énorme il façonna des rets,
Inextricables, drus, d’entière résistance.
Son piège fabriqué, furieux contre Arès,
En hâte il rallia sa chambre d’hyménée,
Et cercla son beau lit de ces mailles d’airain,
Qui, des pieds s’élevant, comme fils d’araignée
S’accrochaient au plafond : nul œil, même un divin,
N’aurait rien soupçonné, si fine était la trame.
Après avoir tendu ses merveilleux panneaux,
Il feignit de partir pour l’aimable Lemnos,
De toutes les cités la plus douce à son âme.
Le guerrier au frein d’or veillait assidûment ;
Dès qu’il vit s’absenter le forgeron inclyte,
Empressé de ravoir les baisers d’Aphrodite,
De Vulcain il gagna l’intime appartement.
La dive, retournant du pourpris de son père,
Était assise ; Mars se présenta soudain,
Et lui dit galamment en lui prenant la main :
« Vite, sur notre couche allons dormir, ma chère.