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« Laodamas, tu viens de parler sagement ;
Invite-le toi-même à se risquer en lice. »

Du monarque, à ces mots, l’héritier véhément
S’avance dans l’arène, et regardant Ulysse :
« Allons ! père étranger, prends part à nos combats,
S’il en est de ton goût ; tu les sais tous en somme.
Car il n’est pas d’honneur plus saillant pour un homme
Que celui qu’on acquiert par les pieds, par les bras.
Viens, essaie, et bannis ta songeuse tristesse ;
Le départ convenu n’en peut souffrir d’arrêts :
Ton navire est sous voile et tes rameurs sont prêts. »

L’industrieux Ulysse avec délicatesse :
« Pourquoi, Laodamas, me provoquer ainsi ?
Mon cœur est plus enclin au tourment qu’à la joie.
J’ai peiné, j’ai souffert longuement jusqu’ici ;
Maintenant parmi vous, pour que l’on me renvoie,
Je suis le suppliant du Roi, du peuple entier. »
Euryale en retour l’injuriant en face :
« Hôte, je ne t’égale au citoyen de race
Qui pratique des jeux l’universel métier,
Mais au vieux loup de mer notant de sa dunette,
En féroce patron d’un bateau commerçant,
La marchandise entrée, et ne s’intéressant
Qu’à ses gains frauduleux : tu n’es pas un athlète. »

Ulysse lui répond, le mirant de travers :
« Fils, ta langue a péché ; tu parais sans cervelle
Les dieux n’accordent pas à tous ces dons si chers,
La beauté, le bon sens, l’éloquence formelle.
D’un physique élégant celui-ci manquera,