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Et roule devant l’hôte une table polie.
De pain, de mets divers, l’intendante accomplie
La charge, en recourant à ses provisions.
L’ingénieux guerrier mange et se désaltère.
Soudain à son héraut le sire Alcinoüs :
 « Mêle un cratère, et verse à tous, Pontonoüs,
Afin que nous buvions au Dieu darde-tonnerre
Qui protège les pas des nobles suppliants. »
Il dit ; Pontonoüs mélange un vin suave
Et pour chacun remplit les calices brillants.

Lorsqu’on eut fêté Zeus, puis rebu sans entrave,
Alcinoüs ainsi harangua ses suppôts :
 « Oyez, chefs et régents des provinces de Schère,
Ce que présentement mon esprit me suggère.
Le repas est fini, songez tous au repos.
Au jour, nous convierons un surcroît de gérontes ;
Ce palais choiera l’hôte, et l’on sacrifiera
Pompeusement aux dieux ; ensuite on causera
Du départ, pour qu’exempt de tracas et de hontes,
L’étranger, par nos soins, dans son pays natal
Retourne promptement, en dépit des distances.
Il n’éprouvera plus ni troubles ni souffrances
Jusqu’au bord qui l’attend ; et là son lin fatal,
Se déroulant au gré des lourdes Filandières,
Durera tout le temps marqué dès son berceau.
Si c’est un Immortel venu des hautes sphères,
Les dieux auront formé quelque projet nouveau.
Car ils nous ont souvent montré leur doux visage,
Quand le sang de nos bœufs rougissait leurs autels ;
Et même à nos banquets ils vinrent fraternels.
Qu’un Phéace isolé les rencontre en voyage,