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Assis à leur festin ; entre, la force au cœur.
L’homme bien résolu, de quelque lieu qu’il vienne,
Des plus rudes travaux sort toujours le vainqueur.
À la reine, d’abord, vole sans préambule.
On la nomme Arété ; le sang d’Alcinoüs
Par les mêmes aïeux dans ses veines circule.
Neptune procréa jadis Nausithoüs
Que conçut Péribée, adorable mortelle,
Et la plus jeune enfant du fier Eurymédon.
Des Géants celui-ci commanda la séquelle,
Mais la perdit, tombant lui-même chez Pluton.
Neptune a donc pour fils, de celle qu’il adore,
Le grand Nausithoüs, roi des Phéaciens.
Nausithoüs engendre Alcine et Rhexénore.
Phœbus à l’arc d’argent frappe, au milieu des siens,
Ce dernier sans garçon, ne laissant qu’une fille,
Arété : pour compagne Alcinoüs la prend,
Et lui rend plus d’honneurs que jamais on n’en rend
Aux femmes gouvernant sous un chef de famille.
Ses enfants bien-aimés, comme son noble époux,
L’entourent maintenant d’un réseau de tendresse.
Son peuple, qui l’admire ainsi qu’une déesse,
La salue au dehors par les mots les plus doux.
Car la reine possède une sagesse égale,
Et partout sa bonté calme les différends.
Si son âme pour toi se révèle amicale,
Tu peux certe espérer de revoir tes parents,
Le sol de ta patrie et ta maison si chère. »

Pallas à l’œil d’azur, cela dit, s’échappa
Vers les stériles flots, loin de l’aimable Schère,
Et, passant Marathon, dans Athènes campa,