Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/127

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Plier les vêtements, regagner le palais,
L’attentive Pallas voulut qu’en ces campagnes
Ulysse s’éveillât, vît la reine aux doux yeux,
Et par elle atteignît la ville sans entraves.
La balle va pointée à l’une des esclaves,
Qui la manque, et l’éteuf tombe au cours sinueux.
Toutes de s’écrier ! Ulysse au bruit s’éveille,
Et, s’asseyant, se dit, pensif et contenu :
 « Hélas ! chez quelles gens suis-je encore venu ?
Est-ce la cruauté, le mal qui les conseille,
Ou l’amour du prochain et la crainte des Dieux ?
Mon oreille a perçu des clameurs féminines…
C’est la troupe nymphale habitant ces collines,
Les sources des torrents, les pacages herbeux ;
Peut-être des mortels à voix articulée.
Allons de nos regards vérifier cela. »
Sur ce, hors du taillis le héros détala,
Puis dans le bois rompit une branche feuillée,
Pour voiler de son corps les endroits pudibonds.
Comme un lion de roche, imbu de sa puissance,
Qui, sous l’atroce pluie et les vents furibonds,
Tout à coup, l’œil ardent, contre des bœufs s’élance,
Poursuit biche et mouton ; son ventre, au jeûne astreint,
Vers les troupeaux le pousse, et jusqu’en leurs étables :
Tel Ulysse au milieu des vierges admirables
Se jette, quoique nu ; le besoin l’y contraint.
Il apparaît horrible et souillé par la lame.
Elles de s’échapper sur les rocs au hasard.
Seule, Nausicaa reste ; car de son âme
Minerve ôte le trouble, y met un calme à part.
Donc seule elle demeure : Ulysse délibère
S’il doit tomber aux pieds de la vierge aux beaux yeux,