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Pour qu’avec son collège elle s’en frotte au bain.
Alors Nausicaa prend les rênes luisantes,
Et fouette les mulets ; l’attelage piaffant
Part, emportant la charge et la royale enfant
Qu’à travers les vallons escortent ses servantes.

Quand on toucha les bords du fleuve cristallin,
À l’endroit des lavoirs toujours pleins d’une eau pure,
Dont l’efficacité chasse toute souillure,
Du char on délia l’assemblage mulin,
En l’excitant à tondre, aux détours de la rive,
Le gazon savoureux. Les suivantes pourtant
S’emparent des effets, les plongent dans l’eau vive
Et les foulent du pied, de zéle disputant.
Lorsque tout parut net, sans la minime crasse,
Le linge s’étendit aux cailloux d’un rocher
Que spécialement la mer venait lécher ;
Puis à son tour baigné, parfumé d’huile grasse,
Près du flot déjeuna le virginal essaim.
Et les tissus séchaient à l’aure matinale.
La princesse et sa suite ayant dompté la faim,
Leurs voiles déposés, jouèrent à la balle.
Nausicaa guidait brillamment ces jeux vifs.
Telle Diane, adroite à lancer la sagette,
En fouillant l’Érymanthe ou l’escarpé Taygète,
S’égaie aux sangliers, aux chevreuils fugitifs ;
Les nymphes des forêts, filles du Porte-égide,
Partagent ses ébats, et Latone en sourit,
Car Diane du front les dépasse, splendide,
Et, malgré leur beauté, partout les amoindrit :
Telle la tendre vierge effaçait ses compagnes.
Mais sitôt qu’il fallut rassembler les mulets,