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Nausicaa, qu’émeut son rêve saisissant.
De sa pièce elle court chez son père et sa mère
Pour leur en faire part ; chacun était présent.
La reine à son foyer, avec mainte ouvrière,
Filait la laine pourpre, et le roi s’apprêtait
À se rendre au Conseil des chefs de la province
Où des Phéaciens le noblois l’invitait.
L’aimable fille approche et dit au juste prince :
« Cher papa, ne veux-tu sur l’heure me fournir
Un char vaste et rapide, afin que j’aille au Fleuve
Laver nos beaux atours qui semblent se ternir ?
Toi-même, il te convient d’avoir toilette neuve,
Lorsque tu vas siéger parmi les principaux.
De tes cinq fils, ornant ces murs héréditaires,
Deux ont pris femme, et trois, jeunes célibataires,
Exigent constamment, pour danser plus dispos,
Des habits frais lavés ; or, cela me regarde. »
Elle se tut, d’hymen n’osant parler au bout.

Le père, qui devine, à répondre ne tarde :
« Les mules et le reste, enfant, j’accorde tout.
Va, mes palefreniers t’amèneront de suite
Un char vaste, rapide, enrichi d’un caisson. »
Il ordonne, et ses gens d’aller à l’unisson.
Dehors l’ample voiture est aussitôt conduite,
Et, sous le joug placés, s’attellent les mulets.
La vierge, descendant ses tissus magnifiques,
Dans le char bien poli les entasse complets.
Sa mère en un panier clôt des mets vivifiques.
Variés, abondants ; puis, elle emplit de vin
Une outre en peau de chèvre, et, l’infante montée,
Lui passe un flacon d’or plein d’huile décantée,