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Deux serves, que la main des Grâces embellit,
Gardaient la riche porte exactement fermée.
Pallas va comme un souffle auprès du chaste lit,
S’arrête sur le front de la jeune princesse,
Sous les traits de l’enfant du grand naute Dymas,
Pucelle de son âge, objet de sa tendresse,
Et, déguisée ainsi, lui dit ces mots tout bas :
« Nausicaa, combien tu naquis paresseuse !
Tes superbes habits gisent là, négligés.
Il te les faut pourtant propres et bien rangés
Pour ta noce prochaine et ta suite nombreuse.
Le renom se mesure au soin du vêtement,
Et ce soin réjouit les parents qu’on adore.
Allons donc aux lavoirs, dès que luira l’Aurore.
Mes deux bras t’aideront, afin que promptement
Tout soit fait ; tu n’as point à rester longtemps fille.
En effet les meilleurs de nos Phéaciens,
Flattés de ton berceau, recherchent tes liens.
Exhorte alors ton père, avant que le jour brille,
À commander mulets et char, pour transporter
Les cestes, les péplos, les brillantes chlamydes.
Aller en chariot vaut mieux que de trotter
À pied, car loin d’ici sont les fosses limpides. »
Minerve aux yeux d’azur, à ces mots, remonta
Vers l’Olympe, où, dit-on, est des dieux le toit stable.
Aucun vent ne l’atteint, nulle eau ne l’attrista,
Le givre en est absent ; mais un air délectable
Y règne en un milieu de splendeurs couronné.
Les dieux jouissent là d’une paix éternelle.
Là donc revint Minerve, après l’avis donné.

Bientôt de ses rayons l’Aube frappa la belle