Page:Homère - Odyssée, traduction Leconte de Lisle, 1893.djvu/60

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Je parlais ainsi, et, aussitôt, l'illustre déesse me répondit :

— Ô Étranger, je te répondrai avec vérité. Quand Hèlios atteint le milieu de l'Ouranos, alors le véridique Vieillard marin sort de la mer, sous le souffle de Zéphyros, et couvert d'une brume épaisse. Étant sorti, il s'endort sous les grottes creuses. Autour de lui, les phoques sans pieds de la belle Halosydnè, sortant aussi de la blanche mer, s'endorment, innombrables, exhalant l'âcre odeur de la mer profonde. Je te conduirai là, au lever de la lumière, et je t'y placerai comme il convient, et tu choisiras trois de tes compagnons parmi les plus braves qui sont sur tes nefs aux bancs de rameurs. Maintenant, je te dirai toutes les ruses du Vieillard. D'abord il comptera et il examinera les phoques ; puis, les ayant séparés par cinq, il se couchera au milieu d'eux comme un berger au milieu d'un troupeau de brebis. Dès que vous le verrez presque endormi, alors souvenez-vous de votre courage et de votre force, et retenez-le malgré son désir de vous échapper, et ses efforts. Il se fera semblable à toutes les choses qui sont sur la terre, aux reptiles, à l'eau, au feu ardent ; mais retenez-le vigoureusement et serrez-le plus fort. Mais quand il t'interrogera lui-même et que tu le verras tel qu'il était endormi, n'use plus de violence et lâche le Vieillard. Puis, ô Héros, demande-lui quel Dieu t'afflige, et il te dira comment retourner à travers la mer poissonneuse.

Elle parla ainsi et sauta dans la mer agitée. Et je retournai vers mes nefs, là où elles étaient tirées sur la plage, et mon cœur agitait de nombreuses pensées tandis que j'allais. Puis, étant arrivé à ma nef et à la mer, nous préparâmes le repas, et la nuit divine survint, et alors nous nous endormîmes sur le rivage de la mer. Et quand Éôs aux doigts rosés, née au matin, apparut, je marchais vers le rivage de la mer large, en suppliant les Dieux ; et je con-