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l’eût aussitôt deviné. Et, alors, le Kroniôn eut pitié des Grenouilles qui périssaient, et, secouant la tête, il dit ceci :

— Ô Dieux ! je vois de mes yeux une grande action. Méridarpax le voleur de portions ne m’a pas peu troublé en menaçant furieusement d’exterminer les Grenouilles auprès du marais. Envoyons très-promptement Pallas qui excite la mêlée guerrière, et Arès aussi, et ils éloigneront Méridarpax du combat, malgré sa vigueur.

Le Kronide parla ainsi, mais Arès lui répondit :

— Kronide, ni la force d’Athènaiè, ni celle d’Arès, ne suffiront à préserver les Grenouilles de la destinée terrible. Allons plutôt tous à leur aide, ou bien brandis ta grande arme tueuse de Titans, très-puissante, avec laquelle tu as tué les Titans, les plus terribles de tous ; avec laquelle tu as tué autrefois Kapaneus, homme farouche, par laquelle tu as enchaîné Egkélados et dompté la race féroce des Géants ! Brandis-la, et, bien que celui-ci soit très-brave, il sera réprimé.

Il parla ainsi, et le Kronide lança la foudre fuligineuse.

Et, d’abord, à la vérité, il tonna et il ébranla le grand Olympos ; puis il lança la foudre, arme terrible et tournoyante de Zeus. Et elle jaillit des mains du Roi. Et l’éclair épouvanta les Grenouilles et les Rats. Cependant, l’armée des Rats ne cessait pas de combattre, et elle n’en désirait que davantage détruire la race des belliqueuses Grenouilles ; mais, du haut de l’Olympos, le Kroniôn eut pitié des Grenouilles, et il leur envoya aussitôt des alliés.

Et, soudainement, survinrent, avec des dos tels que des enclumes, et des ongles recourbés, marchant obliquement, louches, la bouche entourée de tenailles, la peau écaillée, le corps osseux, le dos large, les épaules reluisantes, les pieds tournés, les mains longues, regardant par la poitrine, à huit pattes, à deux têtes et manchots. — ceux qu’on