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la demeure bien construite. Et la beauté immortelle de ses joues resplendissait, et c’était bien Kythéréiè à la belle couronne. Et, l’éveillant, elle lui dit :

— Lève-toi, Dardanide ! Pourquoi dors-tu d’un sommeil aussi profond ? Dis-moi si je te semble telle que tu m’as vue d’abord.

Elle parla ainsi, et, se réveillant, il l’entendit aussitôt. Et voyant le cou et les beaux yeux d’Aphroditè, il trembla, et, détournant les yeux, il couvrit son beau visage d’une couverture, et il la supplia, et il lui dit ces paroles ailées :

— Aussitôt, Déesse, que je te vis de mes yeux, j’ai reconnu que tu étais Déesse ; mais tu ne m’as point dit la vérité. Je te supplie par Zeus, ne permets pas que je vive plein de faiblesse parmi les hommes ; aie pitié de moi, car celui qui a couché avec les Déesses immortelles ne garde pas longtemps la vigueur de la jeunesse.

Et la fille de Zeus, Aphroditè, lui répondit :

— Ankhisès, le plus illustre des hommes mortels, rassure-toi, et ne crains rien dans ton esprit. Ne redoute aucun mal de moi, ni des Dieux heureux, car tu es cher aux Dieux. Tu auras un fils qui régnera parmi les Troiens, et toujours des fils naîtront de ses fils. Et son nom sera Ainéias, car j’ai ressenti une douleur terrible d’être entrée dans le lit d’un homme mortel. Et les hommes mortels de votre race seront, toujours et surtout, proches des Dieux par la beauté et par la stature. Le très sage Zeus a enlevé, à cause de sa beauté, le blond Ganymèdès, afin que, se mêlant aux Dieux, il leur versât le vin dans la demeure de Zeus. Et il est admirable à voir, honoré de tous les Immortels et puisant d’un kratère d’or le nektar rouge. Mais Trôs avait une grande douleur dans sa poitrine, et il ne savait pas où la divine tempête avait emporté son cher fils. Et il le pleurait tous les jours, et Zeus eut pitié de lui, et il lui donna, pour prix de son fils, des chevaux aux pieds rapides, de