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règle des vers et du chant fleuri et de l’aimable accord des flûtes, jamais mon âme n’a été plus pénétrée que par ces sons, tels que ceux des jeunes hommes dans les festins. Je les admire, ô fils de Zeus, et comme tu fais vibrer doucement ta kithare. Et, maintenant, puisque, bien que tout petit, tu possèdes un art illustre, je vous dirai la vérité à toi et à ta mère. Oui ! par cette lance de cornouiller, certes, je te conduirai illustre et heureux parmi les Immortels, et je te ferai de magnifiques présents, et je ne te tromperai jamais.

Et Hermès lui répondit par ces paroles rusées :

— Tu me le demandes, ô Archer, et moi je ne refuse point de t’enseigner mon art. Tu le sauras aujourd’hui. Je veux être bienveillant pour toi en pensée et en paroles, car tu sais toutes choses dans ton esprit, et tu sièges, fils de Zeus, le premier parmi les Immortels, beau et vigoureux ; et Zeus qui t’aime t’avertit des choses sacrées, et il t’a fait d’illustres dons, et on dit que tu es honoré par la volonté de Zeus et que tu as reçu de lui, ô Archer, la science des divinations et de toutes les destinées. Et, maintenant, c’est moi qui enseignerai un enfant riche. Mais tu es libre d’apprendre ce que tu veux. Puisque tu as le désir de jouer de la kithare, chante et joue de la kithare, et réjouis-toi, la recevant de moi, et toi, cher, donne-moi la gloire. Chante, ayant en mains cette douce compagne instruite à résonner avec art et admirablement. Puis, tranquille, porte, nuit et jour, dans les festins et les jeux funèbres, la joie et les danses aimables. À celui qui l’interrogera avec science et avec art, la kithare, docile à de molles pressions, enseignera beaucoup de choses variées et agréables à l’esprit ; mais, redoutant un travail pénible, elle répondra d’une façon discordante à celui qui l’interrogera avec violence. Mais tu es libre d’apprendre ce que tu veux, et je te donnerai cette kithare, ô fils illustre de Zeus. Puis, ô Archer, nous retour-