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Mais, le voulant ainsi, il apaisa très aisément le fils de l’illustre Lètô, car il était puissant. Saisissant la tortue de la main gauche, il en essaya le son avec le plektre, et la tortue résonna admirablement sous sa main. Et Phoibos Apollôn rit, joyeux, et le son charmant pénétra son esprit, tandis qu’il, écoutait de l’âme. Et le fils de Maia, rassuré, et jouant de la douce lyre, se tenait à la gauche de Phoibos Apollôn. Et, faisant vibrer fortement la kithare, il chanta à son tour, et sa voix aimable s’éleva.

Et il chanta les Dieux immortels et la terre ténébreuse, et comment les choses furent faites au commencement, et comment chacun fut partagé par le sort. Et il chanta Mnemosynè par-dessus toutes les Déesses, la mère des Muses, car elle était échue au fils de Maia. Et l’illustre fils de Zeus chanta ensuite les autres Dieux immortels, chacun selon son rang, et comment ils étaient nés ; le tout admirablement, et faisant résonner la kithare sous ses mains. Et un immense désir s’éleva dans l’âme d’Apollôn, et il dit à Hermès ces paroles ailées :

— Tueur de vaches, rusé travailleur, compagnon des repas, tu possèdes là quelque chose qui vaut cinquante bœufs. Je pense que nous sortirons tranquillement de querelle. Et maintenant, dis-moi, rusé fils de Maia, si tu as fait cette chose admirable après ta naissance, ou si quelqu’un d’entre les Immortels ou les hommes mortels t’a fait ce présent illustre et t’a enseigné le chant divin ? Mais j’écoute cette voix nouvelle et admirable, et je pense qu’aucun des hommes ni aucun des Dieux qui ont des demeures Olympiennes ne te l’a enseignée, excepté toi-même, ô menteur, fils de Zeus et de Maia ! Quel est cet art ? Cette Muse qui guérit les inquiétudes amères ? Et cette habileté ? En effets ces trois choses sont réunies, pour la joie, le désir et le doux sommeil. Moi qui suis le compagnon des Muses Olympiades, qui prends soin de leurs chœurs et de l’illustre