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vaches ; et le Kyllénien, à l’aide de ses paroles flatteuses et de ses ruses, voulait tromper le Dieu à l’arc d’argent ; mais le dissimulé avait rencontré le rusé.

Hermès allait rapidement sur le sable, et derrière lui venait le fils de Zeus et de Lètô. Et les fils illustres de Zeus parvinrent bientôt aux sommets de l’Olympos odorant, auprès du Père Kroniôn. Là, les plateaux de la Balance les attendaient tous deux.

Et une grande rumeur se répandit dans l’Olympos neigeux, et les incorruptibles Immortels se rassemblèrent dans les gorges de l’Olympos. Et Hermès et Apollôn à l’arc d’argent se tenaient devant les genoux de Zeus, et Zeus qui tonne dans les hauteurs interrogea son illustre fils et lui dit :

— Phoibos, d’où amènes-tu cette capture de prix, cet enfant nouveau-né ayant l’aspect d’un héraut ? C’est une affaire difficile qui se présente dans l’assemblée des Dieux.

Et le royal Archer Apollôn lui répondit :

— Ô Père, tu vas entendre une parole qui n’est pas ordinaire, toi qui me réprimandes comme si j’étais le seul pilleur. Ayant franchi un grand espace, j’ai trouvé, sur la montagne de Kyllènè, cet enfant, effronté voleur, tel que je n’ai point vu son semblable, ni parmi les Dieux, ni parmi les hommes, tous, tant qu’ils sont, mangeant sur la terre. Ayant volé mes vaches dans la Prairie, il les a poussées, sur le soir, vers le rivage de la mer aux bruits sans nombre, et il les a conduites droit à Pylos, et leurs traces étaient pleines de ruse, et, certes, admirables, et elles étaient l’œuvre d’un Daimôn illustre. En effet, la poussière noire montrait les pas des vaches tournés vers la Prairie d’Asphodèle, et lui-même, rusé outre mesure, ne marchait ni sur les pieds, ni sur les mains, dans ce lieu sablonneux ; mais par une précaution singulière, il laissait de telles traces sur la route qu’on eût dit qu’il marchait sur de jeunes chênes. Aussi