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d’un homme sur la terre. Certes, tu affligeras ainsi de nombreux bergers de brebis, dans les vallées de la montagne, quand, désirant des chairs, tu rencontreras des troupeaux de bœufs ou des troupeaux de brebis. Mais, allons ! de peur de dormir ton dernier et suprême sommeil, sors de ce van, Compagnon de la nuit noire. Tu auras du moins, et désormais, cet honneur parmi les Immortels d’être appelé toujours le Prince des voleurs.

Ayant ainsi parlé, Phoibos Apollôn, prenant l’enfant, l’emporta. Mais, en même temps, le puissant Tueur d’Argos songea dans son esprit, et, tandis que les mains l’enlevaient, il envoya un augure, misérable serviteur de son ventre, insolent messager ; puis il éternua fortement. Et dès qu’Apollôn l’eut entendu, il jeta à terre l’illustre Hermès, et il s’assit devant lui, malgré son désir de marcher, et, réprimandant Hermès, il lui dit :

— Rassure-toi, fils de Zeus et de Maia, enveloppé de langes ! avec ces augures je retrouverai bientôt les fortes têtes de mes vaches, et tu me conduiras toi-même.

Il parla ainsi, et le Kyllénien Hermès se leva de nouveau avec rapidité. Et, marchant avec peine, il poussa de ses mains, vers ses deux oreilles, les langes qui enveloppaient ses épaules, et il dit :

— Où m’entraînes-tu ainsi, ô le plus violent de tous les Dieux ? Certes, c’est parce que tu es irrité à cause de tes vaches que tu me maltraites ainsi. Ô Dieux ! que la race des bœufs n’a-t-elle péri ! Je n’ai pas volé tes vaches, et je n’ai vu personne, si ce sont des vaches, car en voici la première nouvelle pour moi. Rends-moi justice et reçois-la de Zeus Kroniôn.

Et ils se parlaient ainsi, l’un après l’autre, et hautement, ayant chacun un sentiment contraire, Hermès le solitaire et l’illustre fils de Lètô. Et celui-ci disait la vérité et n’accusait pas injustement l’illustre Hermès au sujet de ses