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était accompli. Et, dès lors, jusqu’à la fin de l’année, elle ne vint point au lit du très sage Zeus, et elle ne s’assit point auprès de lui sur le beau thrône où, auparavant, elle méditait de sages desseins ; mais elle resta dans ses temples fréquentés par de nombreux suppliants ; et, là, la vénérable Hère aux yeux de bœuf se réjouit des sacrifices offerts.

Enfin, après les nuits et les jours, et le retour des saisons et de l’année, elle enfanta un fils dissemblable aux Dieux et aux hommes, le cruel et horrible Typhaôn, fléau des mortels. Et la vénérable Hèrè aux yeux de bœuf, l’ayant saisi aussitôt, donna le monstre au monstre.

Et le Dragon femelle le prit, et il fit de grands maux aux illustres races des hommes. Et elle, à celui qu’elle rencontrait elle apportait son jour fatal, avant que l’Archer Apollôn lui eût lancé un trait vigoureux. Et, consumée de douleurs amères, elle gisait, haletante, étendue sur la terre. Puis, poussant une clameur immense et violente, elle se tordit avec fureur sous les bois, et, toute sanglante, elle rendit l’esprit. Et Phoibos Apollôn, se glorifiant, dit :

— Maintenant, pourris, là, sur la terre qui nourrit les hommes. Tu ne vis plus et tu ne seras plus le fléau des hommes qui mangent les fruits de la terre qui nourrit tout, et ils amèneront ici de parfaites hécatombes. Ni Typhœus, ni la lugubre Khimaira n’éloigneront de toi la triste mort ; mais, ici, la noire terre et l’infatigable Hypériôn te pourriront.

Il parla ainsi en se glorifiant, et les ténèbres couvrirent les yeux du Dragon femelle. Et, depuis, ce lieu fut nommé Pythô, parce que la force sacrée de Hèlios y avait pourri le monstre ; et le Roi fut nommé Pythien, parce que, là, la force aiguë de Hèlios avait pourri le monstre.

Et alors Phoibos Apollôn reconnut dans son esprit que la source aux belles eaux l’avait trompé, et, irrité, il alla