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eût gloire sur la terre pour elle-même, Delphousè, et non pour l’Archer.

Et tu t’éloignas de là, Archer Apollôn, et tu parvins à la ville des Phlégyens injurieux qui habitaient, sur la terre, n’ayant nul souci de Zeus, dans une belle vallée, auprès du lac Kèphisos. Et de là, gravissant rapidement la montagne, tu parvins à Krissè, sous le neigeux Parnèsos, au pied d’une cime tournée vers Zéphyros. Et, au-dessus, se dresse le rocher, et, au-dessous, s’étend une vallée creuse et âpre ; et, là, le Roi Phoibos Apollôn pensa bâtir un temple désirable, et il dit ces paroles :

— Je pense bâtir ici un temple illustre, oracle des hommes qui m’y sacrifieront toujours de parfaites hécatombes. Et ceux qui habitent le gras Péloponnèsos, et l’Europe, et les îles entourées des flots, viendront m’interroger, et je prophétiserai en paroles véridiques, rendant mes oracles dans le temple opulent.

Ayant ainsi parlé, Phoibos Apollôn posa les larges et longues fondations du temple, et, sur ces fondations, Trophonios et Agamèdès, fils d’Erginos, chers aux Dieux Immortels, construisirent le seuil de pierre, et, autour, les innombrables races des hommes bâtirent le temple en pierres taillées, afin qu’il fût éternellement illustre.

Et il y avait, auprès, une source aux belles eaux, où le Roi fils de Zeus tua, à l’aide du nerf solide de son arc, un dragon femelle, monstre énorme, long et horrible, qui, sur la terre, faisait des maux sans nombre aux hommes, et, autant qu’à eux, à leurs brebis aux longs pieds, car c’était un fléau sanglant.

Et, autrefois, l’ayant reçu de Hèrè au thrône d’or, elle nourrissait le farouche et horrible Typhaôn, fléau des mortels ; que Hèrè enfanta jadis, irritée contre le Père Zeus, quand le Kronide engendra de sa tête la très illustre