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été prise. Pourquoi, maintenant que tu es revenu dans tes demeures, au milieu de tes richesses, cesses-tu d’être brave en face des Prétendants ? Allons, cher ! tiens-toi près de moi ; regarde-moi combattre, et vois si, contre tes ennemis, Mentôr Alkimide reconnaît le bien que tu lui as fait !

Elle parla ainsi, mais elle ne lui donna pas encore la victoire, voulant éprouver la force et le courage d’Odysseus et de son illustre fils ; et ayant pris la forme d’une hirondelle, elle alla se poser en volant sur une poutre de la salle splendide.

Mais le Damastoride Agélaos, Eurynomos, Amphimédôn, Dèmoptolémos, Peisandros Polyktoride et le brave Polybos excitaient les Prétendants. C’étaient les plus courageux de ceux qui vivaient encore et qui combattaient pour leur vie, car l’arc et les flèches avaient dompté les autres. Et Agélaos leur dit :

— Ô amis, cet homme va retenir ses mains inévitables. Déjà Mentôr qui était venu proférant de vaines bravades les a laissés seuls sur le seuil de la porte. C’est pourquoi lancez tous ensemble vos longues piques. Allons ! lançons-en six d’abord. Si Zeus nous accorde de frapper Odysseus et nous donne cette gloire, nous aurons peu de souci des autres, si celui-là tombe.

Il parla ainsi, et tous lancèrent leurs piques avec ardeur, comme il l’avait ordonné ; mais Athènè les rendit inutiles ; l’une frappa le seuil de la salle, l’autre la porte solide, et l’autre le mur. Et, après qu’ils eurent évité les piques des Prétendants, le patient et divin Odysseus dit à ses compagnons :

— Ô amis, c’est à moi maintenant et à vous. Lançons nos piques dans la foule des Prétendants, qui, en nous tuant, veulent mettre le comble aux maux qu’ils ont déjà causés.