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semble être de mon âge, c’est pourquoi je te donne d’abord cette coupe d’or.

Ayant ainsi parlé, il lui mit aux mains la coupe de vin doux, et Athènè se réjouit de la sagesse et de l’équité du jeune homme, parce qu’il lui avait offert d’abord la coupe d’or. Et aussitôt elle supplia le Roi Poseidaôn :

— Entends-moi, Poseidaôn qui contient la terre ! Ne nous refuse pas, à nous qui t’en supplions, d’accomplir notre dessein. Glorifie d’abord Nestôr et ses fils, et sois aussi favorable à tous les Pyliens en récompense de cette illustre hécatombe. Fais, enfin, que Tèlémakhos et moi nous retournions, ayant accompli l’œuvre pour laquelle nous sommes venus sur une nef noire et rapide.

Elle pria ainsi, exauçant elle-même ses vœux. Et elle donna la belle coupe ronde à Tèlémakhos, et le cher fils d’Odysseus supplia aussi le Dieu. Et dès que les Pyliens eurent rôti les chairs supérieures, ils les retirèrent du feu, et, les distribuant par portions, ils célébrèrent le festin splendide. Et dès qu’ils eurent assouvi le besoin de boire et de manger, le cavalier Gérennien Nestôr leur parla ainsi :

— Maintenant, nous pouvons demander qui sont nos hôtes, puisqu’ils sont rassasiés de nourriture. Ô nos hôtes, qui êtes-vous ? Naviguez-vous pour quelque trafic, ou bien, à l’aventure, comme des pirates qui, jouant leur vie, portent le malheur aux étrangers ?

Et le prudent Tèlémakhos lui répondit avec assurance, car Athènè avait mis la fermeté dans son cœur, afin qu’il s’informât de son père absent et qu’une grande gloire lui fût acquise par là parmi les hommes :

— Ô Nestôr Nèlèiade, grande gloire des Akhaiens, tu demandes d’où nous sommes, et je puis te le dire. Nous venons d’Ithakè, sous le Nèios, pour un intérêt privé, et non public, que je t’apprendrai. Je cherche à entendre