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maux. Mais l’insomnie cruelle m’a envoyé un Daimôn qui a couché cette nuit auprès de moi, semblable à ce qu’était Odysseus quand il partit pour l’armée. Et mon cœur était consolé, pensant que ce n’était point un songe, mais la vérité.

Elle parla ainsi, et, aussitôt, Éôs au thrône d’or apparut. Et le divin Odysseus entendit la voix de Pènélopéia qui pleurait. Et il pensa et il lui vint à l’esprit que, placée au-dessus de sa tête, elle l’avait reconnu. C’est pourquoi, ramassant le manteau et les toisons sur lesquelles il était couché, il les plaça sur le thrône dans la salle ; et, jetant dehors la peau de bœuf, il leva les mains et supplia Zeus :

— Père Zeus ! si, par la volonté des Dieux, tu m’as ramené dans ma patrie, à travers la terre et la mer, et après m’avoir accablé de tant de maux, fais qu’un de ceux qui s’éveillent dans cette demeure dise une parole heureuse, et, qu’au dehors, un de tes signes m’apparaisse.

Il parla ainsi en priant, et le très-sage Zeus l’entendit, et, aussitôt, il tonna du haut de l’Olympos éclatant et par-dessus les nuées, et le divin Odysseus s’en réjouit. Et, aussitôt, une femme occupée à moudre éleva la voix dans la maison. Car il y avait non loin de là douze meules du prince des peuples, et autant de servantes les tournaient, préparant l’huile et la farine, moelle des hommes. Et elles s’étaient endormies, après avoir moulu le grain, et l’une d’elles n’avait pas fini, et c’était la plus faible de toutes. Elle arrêta sa meule et dit une parole heureuse pour le roi :

— Père Zeus, qui commandes aux Dieux et aux hommes, certes, tu as tonné fortement du haut de l’Ouranos étoilé où il n’y a pas un nuage. C’est un de tes signes à quelqu’un. Accomplis donc mon souhait, à moi, malheureuse : Que les Prétendants, en ce jour et pour la dernière fois, prennent le repas désirable dans la demeure d’O-