Page:Homère - Odyssée, traduction Leconte de Lisle, 1893.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
rhapsôdie ii.

hommes. Moi, je te réunirai des compagnons volontaires parmi le peuple. Il y a beaucoup de nefs, neuves et vieilles, dans Ithakè entourée des flots. Je choisirai la meilleure de toutes, et nous la conduirons, bien armée, sur la mer vaste.

Ainsi parla Athènaiè, fille de Zeus ; et Tèlémakhos ne tarda pas plus longtemps, dès qu’il eut entendu la voix de la Déesse. Et, le cœur triste, il se hâta de retourner dans sa demeure. Et il trouva les Prétendants orgueilleux dépouillant les chèvres et faisant rôtir les porcs gras dans la cour.

Et Antinoos, en riant, vint au-devant de Tèlémakhos ; et, lui prenant la main, il lui parla ainsi :

— Tèlémakhos, agorète orgueilleux et plein de colère, qu’il n’y ait plus dans ton cœur ni soucis, ni mauvais desseins. Mange et bois en paix comme auparavant. Les Akhaiens agiront pour toi. Ils choisiront une nef et des rameurs, afin que tu ailles promptement à la divine Pylos t’informer de ton illustre père.

Et le prudent Tèlémakhos lui répondit :

— Antinoos, il ne m’est plus permis de m’asseoir au festin et de me réjouir en paix avec vous, orgueilleux ! N’est-ce pas assez, Prétendants, que vous ayez déjà dévoré mes meilleures richesses, tandis que j’étais enfant ? Maintenant, je suis plus grand, et j’ai écouté les conseils des autres hommes, et la colère a grandi dans mon cœur. Je tenterai donc de vous apporter la Kèr fatale, soit en allant à Pylos, soit ici, par le peuple. Certes, je partirai, et mon voyage ne sera point inutile. J’irai sur une nef louée, puisque je n’ai moi-même ni nef, ni rameurs, et qu’il vous a plu de m’en réduire là.

Ayant parlé, il arracha vivement sa main de la main d’Antinoos. Et les Prétendants préparaient le repas dans la