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meure, de prendre soin de lui et de l’honorer jusqu’à ce que je vinsse.

Il parla ainsi, et sa parole ne fut pas vaine. Et Pénèlopéia baigna son corps, prit des vêtements frais, monta avec ses servantes dans les chambres hautes et voua à tous les Dieux de complètes hécatombes qu’elle devait leur sacrifier si Zeus accordait à son fils de se venger.

Tèlémakhos sortit ensuite de sa demeure, tenant sa lance. Et deux chiens aux pieds rapides le suivaient, et Athènè répandit sur lui une grâce divine. Tous les peuples l’admiraient au passage ; et les Prétendants insolents s’empressèrent autour de lui, le félicitant à l’envi, mais, au fond de leur âme, méditant son malheur. Et il se dégagea de leur multitude et il alla s’asseoir là où étaient Mentôr, Antiphos et Halithersès, qui étaient d’anciens amis de son père. Il s’assit là, et ils l’interrogèrent sur chaque chose. Et Peiraios illustre par sa lance vint à eux, conduisant son hôte à l’agora, à travers la ville. Et Tèlémakhos ne tarda pas à se tourner du côté de l’Étranger. Mais Peiraios dit le premier :

— Tèlémakhos, envoie promptement des servantes à ma demeure, afin que je te remette les présents que t’a faits Ménélaos.

Et le prudent Tèlémakhos lui répondit :

— Peiraios, nous ne savons comment tourneront les choses. Si les Prétendants insolents me tuent en secret dans mes demeures et se partagent mes biens paternels, je veux que tu possèdes ces présents, et j’aime mieux que tu en jouisses qu’eux. Si je leur envoie la Kèr et la mort, alors tu me les rapporteras, joyeux, dans mes demeures, et je m’en réjouirai.

Ayant ainsi parlé, il conduisit vers sa demeure son hôte malheureux. Et dès qu’ils furent arrivés ils déposèrent leurs manteaux sur des siéges et sur des thrônes, et ils se