Page:Homère - Odyssée, traduction Leconte de Lisle, 1893.djvu/232

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— Nestoride, comment accompliras-tu ce que tu m’as promis ? Nous nous glorifions d’être hôtes à jamais, à cause de l’amitié de nos pères, de notre âge qui est le même, et de ce voyage qui nous unira plus encore. Ô divin, ne me conduis pas plus loin que ma nef, mais laisse-moi ici, de peur que le vieillard me retienne malgré moi dans sa demeure, désirant m’honorer ; car il est nécessaire que je parte très-promptement.

Il parla ainsi, et le Nestoride délibéra dans son esprit comment il accomplirait convenablement sa promesse. Et, en délibérant, ceci lui sembla la meilleure résolution. Il tourna les chevaux du côté de la nef rapide et du rivage de la mer. Et il déposa les présents splendides sur la poupe de la nef, les vêtements et l’or que Ménélaos avait donnés, et il dit à Tèlémakhos ces paroles ailées :

— Maintenant, monte à la hâte et presse tous tes compagnons, avant que je rentre à la maison et que j’avertisse le Vieillard. Car je sais dans mon esprit et dans mon cœur quelle est sa grande âme. Il ne te renverrait pas, et, lui-même, il viendrait ici te chercher, ne voulant pas que tu partes les mains vides. Et, certes, il sera très-irrité.

Ayant ainsi parlé, il poussa les chevaux aux belles crinières vers la ville des Pyliens, et il parvint rapidement à sa demeure.

Et aussitôt Tèlémakhos excita ses compagnons :

— Compagnons, préparez les agrès de la nef noire, montons-y et faisons notre route.

Il parla ainsi, et, dès qu’ils l’eurent entendu, ils montèrent sur la nef et s’assirent sur les bancs. Et, tandis qu’ils se préparaient, il suppliait Athènè à l’extrémité de la nef. Et voici qu’un étranger survint, qui, ayant tué un homme, fuyait Argos ; et c’était un divinateur de la race de Mélampous. Et celui-ci habitait autrefois Pylos nourrice de brebis, et il était riche parmi les Pyliens, et il possédait de belles