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L’oyſiveté en tel poinct : nous a mis,
Que ſans grever en rien noz ennemis,
Nous contendons entre nous de paroles,
D’inventions, & cautelles frivoles :
Et n’y a nul tant ſage, qui adviſe
De mettre à fin ceſte guerre entrepriſe.
Agamemnon cecy ſ’addreſſe à toy,
Pardonne moy ſi je te ramentoy
Le tien devoir : il fault que tu t’efforces
À raſſembler doreſnavant tes forces :
Metz les aux champs, ainſy qu’il t’eſt licite,
Comme au ſeul chef de tout ceſt exercice.
Et ſ’il y a un ou deux qui ſ’excuſent
De batailler & tes edictz refuſent,
Laiſſe les là, metz les à nonchaloir.
Qui eſt le Grec qui aura le vouloir,
Ayant icy tant de peine endurée,
De ſ’en aller, ſans cognoiſtre averée
De Iuppiter la promeſſe infaillible ?
Certainement par le fouldre terrible
Qu’il feit tomber pres de nous, à main dextre
Venant icy : il nous feit lors cognoiſtre
Qu’il donneroit quelque jour le moyen,
De mettre à mort tout le peuple Troyen.
Courage donc, compagnons tenons ferme,
Nous ſommes la pres de la fin du terme.
Ne haſtons plus ainſy noſtre retour,
Que nous n’ayons chacun à noſtre tour
Dormy à l’aiſe avec quelque Troyenne,
Fille à Priam, ou autre Citoyenne :
Le tout voyant leurs parens & maris,
Pour nous venger du malheureux Paris :