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Obeiſſant aux dieux, comme eſt raiſon :
Et que chaſcun ſ’en voiſe en ſa maiſon.
    Ceſte oraiſon prononcée à plaiſir,
Meit en l’eſprit des Gregeois ung deſir
Du partement : tant qu’on les veid mouvoir,
Faiſans grand bruys : ainſy que l’on peult veoir
Aucunes fois la grand mer agitée
Du vent Auſtral, lors que l’onde eſt jectée
Contre ung rocher, & faict horrible ſon.
Ou tout ainſy, qu’au temps de la moiſſon,
Le vent Zephyre, en trouvant par la plaine
Ung champ de blé, ſouffle de telle alaine,
Que les eſpiz des coups que ſ’entredonnent,
Sont ſi grand bruit, que les champs en reſonnent.
    Chacun couroit aux vaiſſeaux, de maniere
Qu’outre le bruit, ſe levoit la poulſiere
Bien hault en l’air, qui fort les moleſtoit :
Mais d’une ardeur l’un l’autre admonneſtoit,
De ſ’appreſter dreſſans maſtz, tendans voiles.
Tant que le cry montoit iuſqu’aux eſtoilles.
    Certainement à celle matinée,
Leur brief retour maugré la deſtinée
Eſtoit conclu, ſans Iuno la Déeſſe,
Qui tout ſoudain, vers Pallas print addreſſe,
En luy diſant : Ô tres indigne choſe,
Qu’au camp des Grecs, maintenant on propoſe.
Souffrirons nous, Ô Minerve ma mie,
Devant noz yeux ceſte laide infamie ?
Souffrirons nous les Grecs prendre la ſuite
Honteuſement, ſans veoir Troye deſtruicte ?
Heleine donc cauſe de ſi grand perte,
Demourera ſans eſtre recouuerte,